Domaine Zind-Humbrecht: présentation du millésime 2007 (deuxième partie).

Publié le par odovin

Les différents vins sont répartis en 5 tables : une première pour le Pinot, Zind, Muscats et des Rieslings de plaine, la deuxième pour les Rieslings de coteaux et Grands Crus, la troisième est occupée par les Pinot-Gris, la quatrième par les Gewurztraminers et la dernière est celle des Vendanges Tardives et sélection de Grains nobles. 
Vous l'aurez compris, le domaine présente chaque année de nombreuses cuvées.
Cette année , ce sont 40 vins différents qui sont proposés , ce qui est assez phénoménal pour un domaine travaillant entièrement en biodynamie. On peut imaginer la quantité de travail dans les vignes que cela représente.

Avant de commenter les vins, je publie les notes fournies par le domaine pour expliquer le millésime 2007.

(notes Olivier Humbrecht)

Le millésime 2007
Domaine Zind-Humbrecht

2007 est ma dix-huitième récolte, et je ne peux comparer ce millésime avec aucun des précédents. Il présente un profil climatique des plus intéressants, et a donné naissance à des vins de styles étonnants et variés...

 

Le débourrement fut extrêmement précoce, survenant dès la fin mars dans la plupart des terroirs. Mi-avril, les vignes étaient déjà bien vertes, nous faisant craindre le pire en cas de gelées. Avril et mai étaient très chauds et secs, provoquant une floraison très précoce, tout comme en 2003. La floraison fut rapide et homogène dans tous les terroirs, les grappes étaient régulières et de belle taille. En juin, juillet, et tout spécialement août, des périodes chaudes alternèrent avec des journées plus fraîches et plus humides. A la mi-juillet, la vendange était encore prévue pour la fin août, mais progressivement, avec le raisin mûrissant plus lentement dans des conditions plus fraîches, le début des vendanges fut repoussé à début septembre. L’humidité persistante et des précipitations importantes ont amené des conditions de travail difficiles tout au long de l’été. Il fallait savoir profiter de chaque période d’accalmie pour pouvoir traiter les vignes. Les préparations biodynamiques et les décoctions de plantes nous ont aidés à ne pas augmenter les doses et la fréquence des traitements. Bien évidemment, il y a eu un peu de mildiou sur les jeunes feuilles sur le haut du palissage, mais sans que cela puisse nuire à la qualité. Fin août, le temps était redevenu beaucoup plus sec et chaud, permettant aux raisins d’atteindre une bonne concentration tout en gardant une superbe acidité et un excellent état sanitaire.

La récolte sur le domaine a commencé très tôt, le 7 septembre, et le temps sec nous a permis d’étaler la vendange jusqu’à la mi-octobre et de profiter ainsi du potentiel de cet extraordinaire millésime. La pourriture noble a commencé à s’installer sur les raisins vers la fin septembre, particulièrement sur les cépages Pinot gris et Gewürztraminer.

En 2007, les raisins ont disposé d’une très longue saison de maturation, sans aucun stress hydrique ou thermique pendant l’été, et bénéficié de journées fraîches et ensoleillées en septembre et octobre. Que rêver de mieux ? Les raisins sont restés sains, marqués par une superbe acidité, mûrissant lentement et développant des arômes complexes. 2007 est assurément un grand millésime.

Plus qu’en toute autre année, il a été important de s’adapter aux conditions climatiques particulières. Les vignobles ont été labourés tôt, pour éviter une compétition excessive avec l’herbe pendant les mois secs d’avril et mai, mais lorsque les pluies sont devenues de plus en plus importantes, nous avons laissé pousser l’herbe entre les rangs pour pouvoir accéder à la vigne quel que soit le temps. Les investissements réalisés les années précédentes (chenillards plus petits et plus légers, micro-tracteurs) se sont révélés très utiles en 2007. Ces engins ne causent pas de tassement, et permettent d’entrer dans les vignes même lorsque les sols sont très glissants et fragiles. Le contrôle des maladies (particulièrement le mildiou) a été crucial. Les moisissures se développent de nuit par une humidité de 100% et au-dessus d’un certain seuil de température. Ces conditions ont été rencontrées de manière presque permanente pendant l’été 2007. Des problèmes se sont produits lorsque la cadence des traitements ne pouvait être maintenue (parce que cela aurait impliqué de travailler le week-end, ou bien très tôt ou très tard dans la journée, ou que les engins lourds ne pouvaient entrer dans les vignes après de fortes pluies). En culture biologique et biodynamique, nous utilisons la bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) fortement diluée. Comme nous voulons limiter les doses de cuivre, la bouillie est souvent mêlée à des décoctions de plantes ou des préparations pour rendre la vigne plus résistante et lui permettre de se défendre par elle-même. Cependant, ces faibles doses nous ont parfois obligés à répéter les traitements chaque semaine.

Le fait que les raisins soient restés sains, avec une très forte acidité, nous a permis de produire des vins très secs sur le cépage Riesling. Pratiquement tout ce qui a été vendangé vers la mi-septembre a fermenté complètement sec ou presque. Nous avons presque envisagé de donner un indice 0 à certains vins (l’échelle normale va de 1 à 5, 1 étant le plus sec). Les rendements ont été un peu plus élevés que d’habitude, mais au vu de la qualité exceptionnelle, nous ne nous en plaindrons pas. La moyenne a été de 47 hl/ha en AOC Alsace et 31 hl/ha en grand cru.

2007 est encore un autre de ces millésimes passionnants qui démontre tout le bien-fondé de la culture biodynamique.

Indice: Niveau de sucrosité au palais. Cette note essaye de combiner les sucres résiduels, l’alcool, l’acidité et la structure générale du vin pour mieux en comprendre son style. Il est clair que cette perception peut varier d’une personne à l’autre et cet indice n’est là que pour éviter d’éventuelles erreurs de service du vin. Echelle de 1 à 5 : 1 : vin techniquement sec ou se goûtant sec. 2 : pas techniquement sec, mais les sucres ne sont pas apparents de façon évidente au palais. Certains dégustateurs peuvent trouver une légère rondeur en fin de bouche. Ces vins se goûteront sec avec un certain vieillissement en bouteille. 3 : sucrosité moyenne, plus importante dans la jeunesse du vin, qui s’estompera progressivement avec l’âge. 4 : vin moelleux. 5 : Vin moelleux, très proche d’une vendange tardive. Alc : alcool acquis en fin de fermentation, SR : sucres résiduels.



LA DEGUSTATION :  tous les vins ne feront pas l'objet d'un commentaire qui généralement se voudra succint.
Il ne faut pas oublier que certains vins viennent de subir une mise en bouteille très récente qui a pu les perturber.

- Pinot d'Alsace 2007 :2 g/l. de sucre résiduel(S.R.), Auxerrois et Pinot Blanc, indice 1.
Nez fruité moyennement défini.
Bouche puissante et douçâtre malgré le peu de sucre restant,assez rond, légère amertume en finale.

- Zind 2007 :12g/l de S.R., Chardonnay(65%), Auxerrois(35%) issus du Clos Windsbuhl, indice 2.
Nez fruité, frais, sur les agrumes.
Bouche de type 1/2 sec, sur des notes d'agrumes, sapide, acidité fine, facile à boire.

- Clos Windsbuhl 2007 :1.7 g/l S.R., calcaire muchelkalk, 100% Chardonnay du Clos Windsbuhl, indice 1.
Huit pièces de ce vin ont été produites cette année.
Nez intéressant, vivant, sur un profil légèrement oxydatif et de fruits murs.
Bouche montrant de la personnalité s'appuyant sur un beau volume, minérale, longue et bien dessinée par une acidité fine de type calcaire.

- Muscat  Goldert 2007 :6 g/l S.R., calcaire oolithique,Muscat d'Alsace (90%), Ottonel (10%), indice 1.
Dès le 1 er nez , on devine que le vin est grand.
Que demande t'on à un Muscat? d'exprimer un fruit mur , pur. De ne pas trop "friquotter " avec les sucres. D'être équilibré.
Si en plus celui-ci nous propose, de la précision au niveau des arômes du nez et de la bouche, si cette dernière associe de la race, de la minéralité et se termine par une acidité intégrée , et longue, on ne peut -être que conquis et s'incliner, ce que je m'empresse de faire.




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  - Riesling Gueberschwihr 2007 : 4.8 g/l S.R., argilo-calacaro-siliceux, indice 1.
Nez mur, sur les fruits jaunes , encore sur la réserve.
Bouche joliment structurée conjuguant un caractère solaire affirmé, gras, bien équilibré par une acidité fine longue et saline.

- Riesling Clos Haüserer 2007 : 7g/l S;R; marno-calcaire, indice 1.
Nez complexe, sur la réserve, prédominant sur les fruits jaunes.
Bouche également en intériorité, dense à l'attaque puis réservée ensuite, donnant une sensation tactile tannique, un peu crayeuse, minérale, puis se finissant par une acidité fine.

- Riesling Clos Windsbuhl 2007 : 1.4g/l S.R., calcaire Muschelkalk, indice 1.
Quand la pureté ne confine pas à la nudité...
Nez réservé, pur, prédominant sur les agrumes.
Bouche magnifiquement structurée et dessinée, épurée, de grand volume mais gardant une expression très calcaire et fine, minérale, encore austère à ce stade mais complexe, se prolongeant par une acidité racée.
Un des grands vins du millésime.

  

 

 











- Riesling Rangen de Thann Clos- Saint-Urbain 2007 : 2g/l S.R., volcanique, indice 1.
Nez réservé, pur, racé, sur des notes légèrement tourbées .
Bouche parfaitement structurée, équilibre souverain, précise, racée, avec beaucoup de personnalité, amers complexes ramenant sur des arômes fumés, pureté minérale mise en évidence par une acidité fine, saline,  d'une longueur infinie.
Le vin du millésime?

 

















- Riesling Brand Vieilles vignes 2007 :18g/l S.R., granite de la parcelle du Schneckelsburg, Indice 3.
Avec ce vin, on rentre dans une autre expression du riesling : touché par le botrytis, la surmaturité amène au nez  des arômes miellés et d'agrumes élégants.
On retrouve cette notion d'élégancedans une bouche subtile, riche en extrait sec,  à la trame fine parfaitement conforme avec la nature granitique du terroir. La noblesse de la bouche repose sur l'expression de la minéralité plus qu'à l'expression de l'acidité qui est discrète. Ce vin affiche pour le moment un profil plus liquoreux que 1/2 sec. 
Son évolution gustative sera dépendant  de celle du sucre résiduel.

- Pinot-Gris Clos Windsbuhl 2007 : 9 g/lS.R., Indice 2.
Nez puissant (alcool 15,3°) encore sur la réserve discrètement fumé et d'agrumes jaunes.
Bouche encore dissociée en 3 temps : attaque puissante, large, structurée par la minéralité servant de contre-point, pour ensuite laisser place à une acidité saline de type calcaire, très fine et élancée.

- Pinot-Gris Rangen de Thann 2007 : 22.5g/lS.R., indice 3.
Nez puissant (alcool 15°) peu expressif à ce stade, prédominants sur des notes fuméeset de cailloux chauds.
Ici, la bouche est aussi dissociée mais différemment (en 2 temps)  : attaque puissante, riche, avec du gras suivie aussitôt par une acidité affirmée, mure et longue.

- Un mot sur  Gewurztraminer  Windsbuhl, Rangen et Hengst 2007:
Ces 3 vins ont une personnalité, un caractère et une identité très marqués. La nature du terroir domine complètement l'expression variétale du cépage.
Les matières sont de toute beauté.
Mais , je pense humblement qu'il est très difficile de les cerner en ce moment  et qu'il faut attendre qu'ils s' harmonisent.

Publié dans Alsace

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